Parce qu'ils font partie des personnes que j'ai rencontrées personnellement et que la mémoire est fugitive, je souhaite garder une trace des articles que j'ai trouvé intéressants et leurs auteurs m'excuseront, je l'espère, de reproduire leurs mots.
Albert Médina, longtemps Directeur Technique National à la Fédération Française de squash, a été le témoin privilégié des évolutions de ce sport. Il revient, pour Planète Squash, sur l’aspect du développement et sur ses freins en France.
Pour être devenu Directeur Technique National, vous avez dû entretenir auparavant une relation longue avec le squash, n’est-ce pas ?
Pas tout à fait. A l’origine, j’étais professeur d’éducation physique spécialisé dans le handball, ayant été moi-même handballeur de haut niveau. Le squash, je suis tombé dedans et cela a été un véritable coup de foudre ! La première rencontre a eu lieu au Squash des Carnaux à Tours où un ami m’avait emmené. Je connaissais déjà le responsable, Jean-Luc Bonetta, le papa de Julien, notre numéro un français avant Thierry Lincou. Je ne pratiquais, comme sport de raquette, que le tennis. A la fin de la première demi-heure de squash, je prenais mon abonnement ! C’était clair, net et précis : une union réelle entre le squash et moi-même était née.
Qu’est-ce qui vous a plu au point de vous engager en une demi-heure ?
En fait, j’ai trouvé un sport qui m’allait parfaitement. C’est très tonique, très dynamique et le côté tactique est d’une importance capitale. Il ne s’agit pas simplement de taper dans la balle mais il y a une réflexion importante à avoir pendant toute la durée du jeu. Le squash allie le côté gestuel à une activité cérébrale importante et cela, c’est extraordinaire ! En tout cas, c’est ce qui m’a séduit.
Peut-on dire que votre engagement, de plus en plus fort dans l’univers du squash, a été quelque part alimenté par le propre dynamisme du Squash des Carnaux ?
Bien sûr, les deux étaient très liés. Au Squash des Carnaux, j’ai eu la chance d’avoir Jean-Luc Bonetta comme mentor. Il était très ambitieux pour lui-même, pour son fils et pour le club. Et, très rapidement en effet, nous sommes devenus le meilleur club de France tant au niveau du nombre de licenciés qu’au niveau qualitatif puisqu’on a été Champion de France par équipe en 1987, 1988 et 1989. Nous avons été aussi, je pense, la première structure à faire venir de l’étranger des joueurs comme Kelvin Smith ou Franck Donelli. Ces joueurs, qui vivaient au Carnaux, ont fait les beaux jours des tournois européens de squash dans ces années-là. Ils ne partaient que pour faire leurs tournois à travers le monde, ce qui veut dire qu’on en profitait amplement. On avait enfin la vision du jeu de haut niveau. Pour nous, c’était extraordinaire dans la mesure où c’était une fenêtre sur le squash à l’étranger et sur le sport de haut niveau que la France n’avait absolument pas.
Comment en êtes-vous venu au poste de Directeur Technique National ?
Cela s’est fait progressivement. Comme le Squash des Carnaux était devenu une plaque tournante, le DTN (directeur technique national) de l’époque, Patrice Chautard, s’est adressé à nous. Sachant que j’étais professeur d’éducation physique, il m’a pris dans ce sens-là en tant que préparateur physique. Je me suis donc d’abord retrouvé à la fédération française de squash en tant que préparateur physique des équipes de France et également en étant élu. J’ai toujours apprécié le côté légal d’un sport c’est-à-dire tout ce qui est règlement sportif. J’ai donc été président de la commission arbitrage et très rapidement responsable de la commission enseignement avec Jean-Luc Bonetta. C’était nous qui préparions les brevets d’état avec le DTN. Vous parveniez à tout gérer ?
Oui mais cela demandait de jongler constamment ! Le travail que j’effectuais au sein de la fédération était de plus en plus important, avec la mise en place notamment des règlements sportifs. Mon engagement à cette époque était très fort et même très gênant pour mon entourage privé. C’était très dur car j’étais très souvent absent. Cela perturbait même quelquefois mon travail au sein du collège de Tours où j’enseignais. Je partais dans les championnats internationaux avec les équipes de France. C’est en raison de mon implication que la fédération s’est tournée vers moi en 1989, quand le DTN de l’époque, Patrice Chautard, est parti. Puisque le squash a été ensuite reconnu sport de haut niveau, j’ai eu ma nomination de DTN par le ministère de la Jeunesse et des Sports et j’ai pu m’y consacrer 24h sur 24h ! Je suis resté à ce poste jusqu’en 1996.
Quelles étaient alors vos missions ?
Celles du développement, celles du haut niveau ainsi que les missions administratives. C’était très lourd. Jusqu’en 1992-93, seules quatre ou cinq personnes travaillaient pour la fédération, qu’elles soient salariées ou bénévoles. C’était artisanal car on créait au fur et à mesure. On ne pouvait pas s’appuyer sur quelque chose de fait auparavant. On n’avait pas ce patrimoine...
Chaque sport travaille de manière différente à son développement. Il semble que le squash n’ait pas atteint l’essor que les spécialistes pouvaient escompter dans les années 80. Selon vous, quelles sont les raisons de ce qu’on peut appeler la « stagnation » du squash ?
Tout au long de ces dernières années, de nombreuses explications ont été données, quant à la stagnation de notre sport, après son départ fulgurant au début des années 80. L’effet de mode de cette période s’est en effet vite estompé et n’a pas été relayé par une véritable politique d’investissement, ni par les « privés », ni par les collectivités territoriales. Les acteurs du squash français ont préféré incriminer le manque de médiatisation, le non-olympisme et le manque de haut niveau français, au plan international. En vérité, ces critères constituent, pour la majorité des sports, les conséquences du développement et non ses tenants. L’olympisme, la valeur du haut niveau, la médiatisation ou la télégénie du squah peuvent certes influer quelquefois sur l’évolution mais cela reste très ponctuel, très léger. La France perd la Coupe Davis, par exemple, et moins de gens vont jouer au tennis. Ce n’est pas là la solution.
Alors, à votre avis, quelle est ou quelles sont les clés du développement du squash en France ?
Le développement du squash ne peut venir, de manière claire et précise, qu’avec le nombre de courts et de structures. Et, si vous n’avez pas de courts, si vous n’avez pas de structures, vous ne pouvez pas développer un sport comme le squash. Ce n’est pas avec le nombre de courts que nous avons actuellement que nous pouvons nous développer. Et c’est cet objectif qui doit être visé.
Notre pays dispose donc de si peu de structures ?
Les chiffres sont on ne peut plus clairs. Il y a actuellement en France aux environs de 1200 courts de squash. Il y en a 50 000 dans le monde ! L’Angleterre, dont le contexte est, c’est vrai, très différent, dispose de 9300 courts. Quant à l’Allemagne, ce sont 9 courts en moyenne que compte chaque structure. Cela est dû aux investisseurs importants et au retour sur investissements effectués.
Quelles pistes devraient donc être privilégiées pour assurer enfin l’essor du squash français ?
D’abord, la démocratisation de notre sport. Cela peut passer, par exemple, par l’entrée du squash dans la palette des activités physiques et sportives des établissements scolaires et universitaires. Des partenariats avec les constructeurs de courts européens pourraient aussi être établis. Pour aider à la construction de courts supplémentaires dans les structures existantes, pour soutenir celle de nouvelles structures municipales ou privées. Un vaste « chantier » à lancer !
source : Briag Isambard
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