La qualité des interventions sur le site n'est pas toujours égale mais n'hésitez pas à lire Tribulations d’un arbitre français en Inde - 13/12/2007 sur le même site, j'espère que l'auteur ne m'en voudra pas d'avoir reproduit son article.
L’arbitrage en question - 1er/01/2008
On peut affirmer sans grand risque que si le squash est un sport excitant et passionnant , son arbitrage est incontestablement son talon d’Achille .
Alors que dans de nombreux sports , plus anciens dans leur ancrage en France , l’enseignement des règles est une pratique assez commune , chez nous les efforts entrepris à la fin des années 80 par Quintin Hill (arbitre international) puis ses successeurs , ont été réduits à néant en 2000 avec l’éviction de ces derniers .
Il a fallu alors tout recommencer , avec des formateurs pleins de bonne volonté mais aux compétences non encore solidement établies dans le domaine du haut-niveau qui requiert à minima de s’exprimer correctement en anglais , langue officielle du squash , pour affronter à l’extérieur des frontières françaises des situations de crise suffisamment déstabilisantes pour être formatrices . Pour la petite histoire il faut savoir qu’un responsable actuel de l’arbitrage en France , à l’occasion d’un regroupement du groupe France 2012 à Lille , avait expliqué sans rire que les jeunes seraient amenés à entendre une expression anglaise « cheap stroke » (littéralement stroke bon marché , facilement obtenu) . Hélas notre savant formateur à l’anglais balbutiant avait compris « sheep stroke » autrement dit stroke de mouton , expression qui ne veut évidemment rien dire(1). Lorsqu’on sait que l’individu en question se sentait vexé du fait de la présence de Nicolas Barbeau au Championnat du Monde par équipes en décembre dernier à Chennaï en Inde où parler anglais est indispensable on se dit qu’il y a des claques qui se perdent .
A partir de 2001 on a assisté à une explosion du nombre d’arbitres fédéraux alors que jusque là ce titre ne s’obtenait qu’après une longue initiation , l’expérience étant bien évidemment la base même de la sagesse . A l’usage il s’est avéré que ce titre était galvaudé et puisque les arbitres fédéraux sont bien souvent des formateurs , c’est toute la chaîne de transmission des savoirs qui s’en est trouvée affectée .
Rien de pire en effet que ces arbitres frais émoulus qui confondent autorité et autoritarisme et qui comptent sur le code de conduite pour se faire respecter en oubliant que l’autorité réelle d’un arbitre repose sur la confiance que les joueurs lui accordent au regard de ses décisions et de sa compréhension du jeu . Et cette confiance est hélas longue à obtenir , le cheminement d’un arbitre vers l’expérience qui lui apportera la stabilité et le respect étant parsemé d’embûches . Lorsqu’on voit les fameux arbitres référents dans les ligues pontifier sur leur savoir tout neuf on se dit qu’une bonne petite claque périodique leur ferait le plus grand bien .
Le problème dans tout ça c’est qu’une fois de plus on veut plaquer un schéma organisationnel formaté sur un sport qui n’en a pas forcément besoin . En effet quelles sont les chances (ou hélas la malchance) pour un joueur de compétition français d’être arbitré par un arbitre diplômé au cours de sa saison ? Pour des raisons statistiques évidentes ces chances sont proches de zéro car il sera arbitré par un des joueurs ayant joué le match précédent sur son terrain . Faut-il changer ce système ? Cette réalité , car c’est la réalité , peut être une source de richesse sur le plan humain et démarque incontestablement le squash d’une majorité de sports au sein desquels les joueurs sont forcément un groupe humain différent de celui des arbitres avec tous les problèmes d’incompréhension que cela peut engendrer .
Qu’un joueur soit amené à arbitrer au sein d’une compétition à laquelle il participe est une particularité du squash et introduit une problématique qu’il convient de prendre en compte et il est évident que s’obstiner à réaliser des stages de formation d’arbitres qui n’arbitreront que très rarement et qui se rendent à ces stages (payants) à reculons pour seulement mettre des associations en conformité avec les règlements sportifs est une complète perte de temps .
Au lieu de couvrir la France d’arbitres à la compétence douteuse il serait peut-être temps de se rendre compte que ce sont les connaissances des joueurs qu’il convient d’améliorer . Et pour ce faire il serait intéressant d’organiser des sessions d’apprentissage des règles dans chaque ligue ou par regroupement de ligues pour lisser le jugement des joueurs puisque ce sont de toutes façons eux qui seront amenés à arbitrer .
Qui peut contester que dans le squash l’arbitrage est l’affaire de tous ? C’est la simple réalité du terrain et toute politique qui l’ignore est vouée à l’échec . Pour autant les besoins en « arbitres diplômés » même s’ils sont faibles quantitavement existent . Ce sont ces arbitres qui devraient diffuser une interprétation claire des règles des règles . Il faudrait donc qu’ils soient compétents eux-mêmes et donc qu’on arrête de distribuer des titres de fédéraux à la pelle . Hélas la logique qui prévaut bien souvent est celle du rendement , de la liste , la quantité étant la preuve du travail fourni et cette logique est incompatible avec un projet utile et propre au squash . Le dernier avatar de cette logique consistant à ressembler aux autres sports étant d’ailleurs la formation d’arbitres jeunes dont on se demande ce qu’ils peuvent bien venir faire dans cette galère .
Sans remise en cause profonde de cette logique on continuera à empiler des noms dans des listes qui iront enrichir des archives que chaque nouveau président de la commission d’arbitrage lira avec effarement .
(1) Les "strokes de moutons" n’existent pas mais les ânes sûrement...
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