mercredi 28 novembre 2007

Le squash en France

Le squash, un sport
en quête de rebond

Romain Schneider
27/11/2007 | Mise à jour : 17:20 |
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Grégory Gaultier (à gauche, face à l’Australien David Palmer), passé de la 11e à la 3e place mondiale en un an, marche sur les traces de Thierry Lincou : «Il a été un pionnier. Son succès m’a boosté.»
Grégory Gaultier (à gauche, face à l’Australien David Palmer), passé de la 11e à la 3e place mondiale en un an, marche sur les traces de Thierry Lincou : «Il a été un pionnier. Son succès m’a boosté.» Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

L’élite française brille au plus haut niveau dans une discipline en manque de reconnaissance.

L’un, Thierry Lincou, champion du monde en 2004, a été numéro un mondial en 2005. Le premier non issu de l’ex-Empire britannique. L’autre, Grégory Gaultier, vice-champion du monde, quatre fois champion d’Europe, est l’actuel numéro trois mondial. Ils portent haut le squash tricolore. Tous deux visent le titre de champion du monde, cette semaine aux Bermudes. Puis celui par équipe, en Inde. Lincou a été un pionnier. Gaultier est déjà au sommet. La relève est presque déjà assurée. La jeune garde est vice-championne d’Europe junior. Chez les filles, Camille Serme est l’actuelle numéro un mondiale des moins de 19 ans.

Le squash de haut niveau français se porte mieux que jamais. Il a bousculé la hiérarchie mondiale de cette discipline depuis toujours dominée par les pays anglo-saxons. «Trop longtemps en France le squash a été assimilé à un loisir pratiqué par des cadres après le boulot. C’est culturel. Grâce aux résultats de nos meilleurs joueurs, on commence à devenir une discipline sportive qui attire les jeunes s’investissant dans des associations. Le niveau se densifie pour assurer la relève», note l’actuel DTN (directeur technique national), Yves Hocdé, ancien champion olympique et du monde... d’aviron. Deux pôles de haut niveau ont été créés ces dernières années. L’un masculin, à Aix-en-Provence. L’autre féminin, à Créteil. Trois pôles espoirs ont aussi été mis en place depuis 2004. Le nouveau numéro un français, Grégory Gaultier, a bénéficié de ces structures.

«La Fédération française, créée en 1981, reste très jeune et son budget modeste (1 million d’euros)», relève Hocdé. Le chantier est vaste. «On a beaucoup investi sur le haut niveau (30 % du budget de la Fédération va aux athlètes), on doit encore développer les structures. On manque de terrains», poursuit le DTN. «En France, on possède un court pour 42 000 habitants. En Europe, c’est un court pour 10 000 habitants. On sollicite les collectivités territoriales à plus investir. Actuellement, la part du public est trop faible. 80 % des courts appartiennent au privé», explique-t-il encore. Il est vrai que la construction d’un court coûte cher, environ 20 000 à 30 000 euros. Et pour un complexe, il faut compter environ 150 000 euros. «Je peux vous assurer qu’un court de squash est plus rentable qu’une patinoire», poursuit Hocdé, ancien adjoint à la DTN des sports de glace.

Au regard du nombre de pratiquants (environ 250 000), le nombre de licenciés reste modeste malgré une sérieuse augmentation. En 1997, la FFS comptait 11 000 licenciés, elle en dénombre 25 000 aujourd’hui. Un chiffre toutefois modeste par rapport à d’autres sports de raquette. La Fédération française de badminton recense ainsi près de 115 000 licenciés quand celle de tennis de table dépasse les 180 000.

«Les Anglais ne veulent pas universaliser»

Pas simple non plus de convaincre de nouveaux adeptes pour une discipline encore considérée à risque pour le cœur. «On ne peut pas mettre en place une étude médicale faute de moyens. Mais nous faisons du lobbying auprès des médecins pour prouver que ce sport n’est pas plus dangereux que le badminton.»

Le squash demeure d’ailleurs le seul sport de raquette à ne pas être inscrit aux Jeux olympiques. Il croyait tenir le bon bout pour 2012. Mais le CIO (Comité international olympique) a notifié son refus en juillet 2005. Pour Hocdé, l’explication est simple : «Les Anglais ne veulent pas universaliser cette discipline. Ils perdraient leur position monopolistique.»

Sans l’éclairage olympique, la discipline, quasi absente du petit écran, demeure dans l’ombre. «Grâce à nos meilleurs joueurs, on a quand même aujourd’hui une réelle exposition médiatique. On travaille au projet d’une chaîne ADSL propre au squash avec un prestataire extérieur», révèle le DTN. Car bien difficile à l’heure actuelle de voir ce sport sur les chaînes françaises. Aucune ne retransmettra les Mondiaux cette semaine. La couverture télévisuelle demeure indispensable pour une discipline qui peine encore à sortir de sa cage de verre.

source : LE FIGARO.fr



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