Ayez une bonne attitude !
Par Rod Symington, Membre du Comité d’Arbitrage de
De nombreux messages email que je reçois de lecteurs du monde entier me font part de querelles intervenant sur les courts, et évidemment presque toujours au sujet des " lets " et des" strokes ". Naturellement les gens qui écrivent veulent que je leur confirme que ce qu’ils ont fait sur le court était correct (et que ce qu’ont fait leurs adversaires ne l’était pas !). Or le point commun qui ressort de toutes ces questions, c’est une méconnaissance des principes à appliquer lorsque surgit un désaccord pendant un match " amical ". Il est bien sûr inévitable que se produisent sur un court de squash des situations où chaque joueur verra une même action de façon différente : " Let, s’il vous plaît " " Il y avait ‘let’ là ! ", " non, stroke ", " non, simplement ‘let’ ". Cela ne vous rappelle rien ?
Deux choses à garder à l’esprit. D’abord, dans tout match de squash, il y a toujours des situations tangentes où la décision peut être " let " ou " stroke ". (C’est le genre de décision que les arbitres détestent devoir prendre, particulièrement lorsqu’un match arrive à son point crucial !) La décision peut basculer dans un sens ou dans l’autre, selon la perception qu’a l’observateur de l’action se déroulant sous ses yeux.
En second lieu, d’innombrables études scientifiques sur témoins ont montré à de multiples reprises qu’une même situation est perçue de manière radicalement différente selon les personnes : en fait les observateurs ne sont pas très fiables. Des rencontres de squash que j’observe depuis quarante ans et des réactions de spectateurs et arbitres auxquelles je prête une oreille attentive, il ressort une indiscutable conclusion : il n’y a pas deux personnes qui voient la même chose, et cela même sur un court de squash.
Pire : lorsque des personnes se mettent à me décrire un scénario, avec l’espoir que je vais confirmer leur point de vue, je réponds inévitablement : " Montrez-moi la vidéo ! " Il est impossible de retranscrire par la parole ce qui se passe sur un court de squash, aussi ces explications sont tout à fait inutiles. Malheureusement, la vidéo n’est pas d’un grand secours, car même avec la pièce à conviction sous les yeux, on voit tous la situation différemment.
D’innombrables réunions avec des joueurs de haut niveau et des arbitres partout dans le monde m’ont fait comprendre qu’il ne peut jamais y avoir d’accord, même sur ce que l’on voit ensemble au même moment !
Après de telles évidences, que faut-il faire lorsque se produisent des disputes sur un court de squash ? Vous êtes sûr que votre adversaire se trouvait sur la trajectoire lorsque vous avez voulu envoyer votre balle contre le mur frontal ; lui certifie qu’il était en dehors. Vous ne cédez pas, lui non plus. Cette scène se produit très souvent, et chaque fois le désaccord s’amplifie pour tourner à la véritable altercation. Le match se conclut avec du ressentiment départ et d’autre, et l’un de vous retourne à son bureau et envoie un e-mail à Rod Symington(qui n’est d’aucune aide !)
Nous sommes tous très têtus : même si nous savons (après avoir lu cette rubrique) qu’en l’absence d’arbitre, tout désaccord entre joueurs doit se régler par un " let ", nous continuons à discuter avec notre adversaire dans l’espoir de le/la faire plier et d’obtenir satisfaction. Ceci semble relever du sentiment de pouvoir et de force qu’exerce le squash sur ses pratiquants : si on ne peut pas gagner l’échange de manière directe, alors on va le gagner par la parole.
Discuter avec votre adversaire ne vous mènera absolument nulle part sur un court de squash(et peut même vous énerver au point de vous faire perdre votre qualité de jeu et perdre votre match !) Et même si vous parvenez à contraindre votre adversaire à vous donner " stroke " sur" stroke ", au bout du compte votre victoire ne sera pas acquise tout à fait honnêtement (et vous pourrez l’insérer dans votre livre de records personnels avec un astérisque !) Il faut cesser tout ça ! Jouez au squash pour le plaisir, entraînez-vous, détendez-vous. L’essentiel, c’est que vous passiez du bon temps, et non que vous gagniez à tout prix. C’est un jeu avant tout, et il sera d’autant plus plaisant si vous le pratiquez dans un bon esprit.
Ma boîte de réception électronique serait bien moins chargée si les joueurs de squash suivaient ces règles de base de la bienséance lors de leurs matches amicaux :
1. S’il y a désaccord entre vous et votre adversaire sur une situation de " let ", " stroke ", " no let ", alors il faut jouer un " let ".
2. Si votre adversaire réclame " let " et que vous pensez qu’il y avait " stroke ", demandez-lui s’il pense qu’il y avait " stroke ".
3. Si un " stroke " vous est accordé, ne l’acceptez que si vous êtes absolument sûr qu’il y a vraiment " stroke ".
4. Si vous voulez que quelqu’un change, comportez-vous comme vous voudriez qu’il soit, et non comme il est.
Ainsi se termine la leçon.
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